Achat
Acheté à Foix dans un élan d'enthousiasme pour l'originalité du design, ce lampadaire provient d'une demeure d'Ax-les-Thermes. Difficile de dire s'il est Arts Deco ou "Années 50", mais en tout cas ce design associant luminaire et tablette sur deux éléments séparés mais solidaires est rarissime, il m'a été jusqu'ici impossible d'en trouver des exemples similaires sur internet :
Pour ce qui est des lampadaires à tablette, on trouve beaucoup plus fréquemment une architecture dans laquelle les tablettes sont fixées sur le fût du luminaire lui-même, soit de façon axiale, soit de façon légèrement déportée grâce à un bras.
A l'achat, il manque toute la partie supérieure, l'état originel est donc une énigme : dispositif d'éclairage en verre ou simple abat-jour ? Deux éléments font pencher pour l'hypothèse d'un simple abat-jour: la bague sur la douille comme seul dispositif de serrage, et la faible solidité de la liaison entre le fût et la partie supérieure :
En effet, la douille n'est fixée au fût que par deux toutes petites vis (3 x 20) qui de plus prennent le bois "de bout" c'est à dire que les vis sont parallèles aux fibres du bois. Enfin, à cause de l'encombrement de la douille les deux vis se retrouvent à trois millimètres du bord extérieur du fût, avec donc un risque d'éclatement du bois en cas d'effort. Cette méthode de liaison peu orthodoxe ne peut convenir que pour de faibles efforts, elle est incompatible avec une vasque en verre, bien trop lourde. Le programme envisagé étant précisément de coiffer ce luminaire d'un dispositif en verre pour l'éclairage, il faudra donc trouver une solution plus solide pour la liaison avec le fût.
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Choix de la vasque
Les trois possibilités envisagées initialement :
Consulté, l'antiquaire n'a pas d'avis tranché, les trois formes peuvent convenir. La version III avec une vasque type "Mazda" ne me plaît pas beaucoup, car elle me donne un aspect trop étriqué en largeur, la plus grande vasque Mazda existante faisant 28 cm de diamètre au sommet (comme dessiné). Ensuite, entre un joli demi-globe dépoli et une vasque évasée je n'ai pas de préférence marquée, et je laisse donc le sort décider, selon ce que je trouverai. En définitive, la forme II en demi-globe s'avère peu courante. On trouve facilement des vasques de type I non percées en périphérie, mais colorées (rose, bleue,...) et nous tombons d'accord avec l'antiquaire que cela ne convient pas trop. Enfin, une vieille vasque me séduit à la brocante des Allées François Verdier. Très simple, sans aucun ornement, et très évasée, mais très grande (diamètre 50 cm). Le verre est légèrement moucheté, ce qui ne me plaît pas trop a priori, mais c'est très discret : finalement j'opte pour cette vasque. Ce choix entraîne la nécessité de retravailler esthétiquement la forme de la liaison entre le fût et la vasque. Pour les luminaires Art Deco, lorsque la vasque est très évasée en torchère, il y a très souvent une pièce métallique qui vient assouplir la morphologie de la transition entre le fût et la vasque, comme c'était d'ailleurs représenté dès l'esquisse (version I). Dans le cas présent, la nécessité vient également du fait que le fût manque un peu de hauteur (145 cm), donc si on ne surélève pas la vasque, les ampoules seront visibles par le dessus. Enfin, dernier choix initial personnel : faire chromer au poli miroir les trois bagues en aluminium situées aux extrémités des fûts.
L'intention initiale était de dévernir puis re-vernir car le vernis gomme laque avait des rayures et des traces d'usure de-ci de-là. Mais en démontant chaque élément, il est apparu que le lampadaire était intégralement fabriqué en bois blanc, avec un décor d'imitation de palissandre, bien exécuté. Le dévernissage comportant un risque élevé d'endommager ce décor, et les accidents du vernis étant somme toute superficiels, je décide de simplement rénover le vernis. Un tampon à peine imprégné d'alcool, et une application vigoureuse de rénovateur pour vernis gomme laque donnent un résultat très satisfaisant.
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Fixation de la vasque
Pour la fixation de la partie supérieure sur le fût, après quelques tâtonnements exploratoires, il apparaît qu'une tige filetée creuse de diamètre 10.85 mm s'enfonce d'une bonne vingtaine de centimètres dans le perçage du fût, puis à partir de cette profondeur, demande à rentrer en force. C'est un hasard heureux car ce diamètre de tige filetée creuse (appelé "pas des becs") est le plus solide que l'on puisse trouver en lustrerie. Le filetage moderne en 10 x 1 mm pour les tiges creuses est un peu moins solide. Pour obtenir une fixation solide de la vasque sur le fût, il suffira donc d'enfoncer profondément la tige creuse dans le fût et ensuite de "tarauder" un peu l'intérieur du fût en vissant à force la tige à l'intérieur.
Pour la pièce métallique de transition entre le fût et la vasque, l'idée qui me vient à l'esprit est d'utiliser une belle timbale respectant le style Art Deco. Après plusieurs achats au look plausible dans la même brocante de plein air, je choisis finalement celle qui a une rangée de larges striures vers le haut. Une seconde, devenue inutile, d'un diamètre un peu inférieur sert de flasque de serrage. Sur l'image suivante, le projet pour la fixation envisagée, d'une solidité à toute épreuve puisque la tige filetée pénètre très profondément dans le fût:
Il faut bien voir que ce qui fixe la vasque au fût, ce ne sont pas les six vis, mais le fait que la grosse tige filetée est assujettie et vissée à force dans le fût, et va chercher cette fixation à une grande profondeur. Les six vis servent à garantir la fixité du bas des timbales et ne sont qu'une sécurité supplémentaire en cas de traction du luminaire par la vasque. Elles sont plus grandes (4 x 35) que les deux vis originelles (3 x 20), elles sont au nombre de six, et sont maintenant placées non plus en périphérie du fût mais bien au centre de l'épaisseur du bois de celui-ci.
Il me semble qu'il ne faut pas prendre de risque avec cette étape de modification de la liaison mécanique, car une telle vasque est très lourde. Tout ceci mis bout à bout fait qu'il n'y a aucune crainte sur la robustesse de l'assemblage. C'est la timbale "intérieure" qui par serrage maintient la vasque solidaire de tout le reste. La timbale "intérieure" est comprimée vers le bas grâce à la rondelle en bois située tout en haut, ajustée et de forme conique (une plaque métallique de même diamètre sera ensuite ajoutée au-dessus de la rondelle de bois, pour la finition, bien que cette partie soit en principe non visible).
Montage à blanc de la liaison métal/verre :
Pour l'électrification, afin de ne pas éblouir, le choix se porte sur trois ampoules fines, positionnées très bas vers le fond de la vasque:
Résultat final :
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