Pour se faire la main sur la technique des placages simples, rien de mieux que d'utiliser de petits objets promis au rebut. Un baromètre glané sur un site internet bien connu de débarras me décide à explorer cette voie. Voici le baromètre dans son état initial à la réception du colis, la taille réelle est d'une douzaine de centimètres de côté:
L'esthétique de l'objet est une catastrophe à mon goût, mais l'idée ici est de transformer complètement son apparence. Il y a d'autant moins de scrupule à "dénaturer" l'objet que le baromètre ne fonctionne plus du tout, et il y a donc fort à parier que cette tentative de vente était la dernière étape avant la poubelle (le prix demandé n'atteignait pas les frais de port).
Diagnostic technique
Comme on le voit, l'indication "Variable" au lieu d'être en haut se trouve à droite et de travers. En fait tout le baromètre (cadran et mécanisme) ballote dans son logement. A l'ouverture de la plaque arrière, il apparaît que les vis de fixation de la console en laiton sur la cloche en aluminium sont manquantes (voir photo ci-dessous). La potence servant d'amplificateur au mouvement (appelée aussi "levier") est sortie de son logement. Le scénario est clair : suite à une chute, la potence est sortie de son logement, il y a eu tentative infructueuse de réparation et d'ouverture, suivie d'une mise au rebut avec perte des vis de fixation. L'ouverture du mécanisme interne nécessite de désolidariser la cloche assez solidement assujettie à la partie avant, en verre et laiton. La potence est la tige rotative que l'on voit sur la droite du châssis, fixée aux deux extrémités par deux vis bleues pointues:
Les trois vis de fixation étant perdues et non standard, il faut re-tarauder les trois perçages pour recevoir de nouvelles vis (ici du 2.5 mm):
Ensuite, il faut complètement réviser les réglages du mécanisme (2 vis pour la raideur et une vis pour l'étalonnage). Pour cela, le mieux est de monter le baromètre sur une console avec un grand percement à l'arrière, de telle sorte que les trois vis soient accessibles:
En bas du percement, sur l'image ci-dessous, les deux vis acier pour la raideur, en haut à gauche, la vis laiton pour l'étalonnage. La potence maintenue en place par les deux vis bleues est tout en haut. Lorsque le baromètre est remonté dans la cloche, les deux vis de raideur doivent ne plus être accessible afin d'éviter une manipulation intempestive, seule la vis d'étalonnage doit rester accessible, en cas de changement de lieu:
Connaissant la pression-mer du lieu heure par heure (sur internet), on peut régler la raideur du ressort, puis ensuite l'étalonnage à la valeur observée. Le processus prend plusieurs jours, car sur une journée, la pression ne varie pas beaucoup. Le fabricant possède une chambre à pression réglable, mais pour un particulier, il n'y a pas d'autre solution que d'attendre le passage de plusieurs dépressions puis anticyclones pour régler la raideur avec un échantillon de données possédant une amplitude suffisamment large. Malgré la chute ancienne de l'objet, tout semble fonctionner une fois les pièces remises en place.
Transformation du boîtier
Difficile de dater le boîtier, il me semble plutôt style "années 50", mais sans certitude. Il est un peu balourd dans ses proportions, et mon intention est de l'amaigrir un peu, pour s'approcher de l'esprit "skyscraper" en vogue dans la periode Art Déco, comme par exemple cette pendule:
Mes capacités pour ce qui est du placage étant celles d'un débutant, je limite cependant le nombre de ressauts, puisque chaque ressaut ou chaque angle coupé supplémentaire nécessite la découpe de petites pièces de placage potentiellement délicates à réaliser et à assembler. Afin de rendre la façade plus élancée, deux feuillures sont pratiquées sur les côtés. Pour cela il faut assembler un banc d'usinage pour la défonceuse.
C'est la règle générale avec cet outil : trente minutes d'installation pour un geste technique de trois secondes. Ensuite, afin d'élancer un peu la ligne, un socle constitué de deux gradins parallélépipédiques très simples est rapporté à la base de l'objet:
La forme est plus simplifiée que dans le style "skyscraper" où les décrochements et pans coupés abondent, mais pour cette première réalisation, je préfère commencer avec des surfaces simples à mettre en oeuvre pour les placages. Disons que c'est un design intermédiaire entre style "skyscraper" et moderniste.
Transformation du boîtier
Difficile de dater le boîtier, il me semble plutôt style "années 50", mais sans certitude. Il est un peu balourd dans ses proportions, et mon intention est de l'amaigrir un peu, pour s'approcher de l'esprit "skyscraper" en vogue dans la periode Art Déco, comme par exemple cette pendule:
Mes capacités pour ce qui est du placage étant celles d'un débutant, je limite cependant le nombre de ressauts, puisque chaque ressaut ou chaque angle coupé supplémentaire nécessite la découpe de petites pièces de placage potentiellement délicates à réaliser et à assembler. Afin de rendre la façade plus élancée, deux feuillures sont pratiquées sur les côtés. Pour cela il faut assembler un banc d'usinage pour la défonceuse.
C'est la règle générale avec cet outil : trente minutes d'installation pour un geste technique de trois secondes. Ensuite, afin d'élancer un peu la ligne, un socle constitué de deux gradins parallélépipédiques très simples est rapporté à la base de l'objet:
La forme est plus simplifiée que dans le style "skyscraper" où les décrochements et pans coupés abondent, mais pour cette première réalisation, je préfère commencer avec des surfaces simples à mettre en oeuvre pour les placages. Disons que c'est un design intermédiaire entre style "skyscraper" et moderniste.
Les placages que je me suis procuré sont en ébène d'Amara et en palissandre de Santos. L'ébène me semble trop veiné et contrasté pour un si petit objet; l'option retenue est donc le palissandre. Celui de Santos est plus clair que le palissandre de Rio, qui était le plus souvent utilisé dans l'Art Déco, mais désormais très contingenté en commercialisation et difficile à trouver.
La découpe au cutter ou au scalpel de lamelles de faible largeur (5 à 10 mm ici) est assez délicate, car le risque est grand qu'une zone de faiblesse cède lors de la traction de la lame qui exerce un effort en arrachement sur la plaque. De plus, ce sont souvent des essences très dures, et le scalpel a du mal à attaquer le bois, il faut donc appuyer très fort. Après un ou deux essais réussis mais stressants, je préfère adopter la technique de la scie à placage, avec une cornière serrée sur une planche, afin de bien maintenir la feuille de placage. Cette méthode, peut-être un peu plus longue que la découpe avec un outil tranchant, est vraiment très efficace et sécurisante pour les petites pièces qui sinon pourraient avoir tendance à se casser selon les fentes et faiblesses du bois. La partie à conserver étant coincée sous la cornière et fortement pressée, elle ne peut pas être détériorée lors de la découpe.
Pour le placage de la façade, n'ayant pas de motif qui me satisfasse sur ce qui reste de ma feuille, j'utilise plusieurs morceaux en jouant sur l'orientation des veinages pour créer une symétrie:
Le placage est entièrement terminé, la façade en palissandre est en fait composée de quatre morceaux juxtaposés:
Après vernissage et éclaircissage
Le baromètre terminé après remontage
Légère insatisfaction au niveau de la liaison du placage entre le corps principal et le socle, où une petite fente reste visible. Je voulais que chaque pièce vernie reste démontable pour faciliter le vernissage, mais cela se paye dans l'apparence finale au niveau des liaisons.
Avec ce choix technique, il est pratiquement impossible d'obtenir une liaison impeccable.
Je comprends donc pourquoi cela n'était pas fait ainsi et je ne m'y prendrais plus comme ça à l'avenir, quitte à devoir utiliser du vernis copal pour arriver à vernir au fond des angles rentrants.
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